oppositions ».

Pau : quatre sites pour les gens du voyage

Par Eric Bély et Valérie Cèbe
Publié le 6 juillet 2010 à 04h00
Mis à jour à 08h07


 

La parcelle d'Indusgarle, route de Morlaàs. © JPG

 
« On voulait montrer qu'on peut y arriver » a glissé hier Martine Lignières-Cassou en inaugurant les six premiers « pavillons » de l'agglomération paloise. © JP Gionnet

 
Martine Lignières-Cassou hier lors de l'inauguration de l'aire d'Idron. À Pau, trois projets similaires sont en cours. © Jean-Philippe Gionnet

 
Le terrain Ayala, le long de la route de Bordeaux. © JPG

La première aire d'habitat adapté pour les « gens du voyage » a été inaugurée hier à Idron. Trois autres devraient suivre à Pau.

On paie très cher 30 ans d'inaction. » Le constat est signé de l'adjointe en charge du logement à la mairie de Pau, Danièle Iriart. « Si on avait entamé un travail il y a 25 ans, on serait dans une situation moins compliquée aujourd'hui », abonde son collègue de la majorité municipale Jean-François Maison qui suit plus spécifiquement la question des gens du voyage.

Manque de disponibilité foncière, riverains inquiets, volonté politique inégale selon les communes, la gestion de la population que l'on désigne par cette expression reste complexe et délicate. Mais un pas important vient sûrement d'être franchi hier. Avec l'inauguration à Idron, en présence des élus de l'Agglo mais aussi du préfet Philippe Rey, de la première aire d'habitat adapté. Il s'agit en fait de six petits chalets en bois comprenant chacun une aire de stationnement pour la caravane, une pièce de vie, avec une kitchenette, une chambre, des toilettes et une salle d'eau.

Objectif, répondre à un processus de sédentarisation largement entamé par certaines familles si l'on en croit les chiffres fournis par la mairie de Pau. 140 familles de gens du voyage sédentarisées vivraient ainsi « en errance » sur le territoire. Sur les cinq dernières années, 85 % des stationnements illicites relevés seraient ainsi le fait de ces familles.

L'aire d'Idron vient donc répondre à cette « demande ». Mais elle ne suffira pas. Les aires d'accueil « traditionnelles » de Lescar et Lons-Billère affichent complet (30 à 40 places chacune). Celle de Pau, située avenue Alfred Nobel, déborde carrément avec 80 caravanes pour 40 emplacements.

Le projet compte entre 22 et 30 pavillons

La députée-maire de Pau, Martine Lignières-Cassou, affiche sa volonté de vouloir améliorer la situation. Et de s'engager elle aussi sur la voie de l'habitat adapté. Première étape : repérer des parcelles foncières adéquates, c'est-à-dire raccordables aux réseaux d'assainissement, d'eau et d'électricité et permettant « un accès aisé aux commerces, services et transports en commun ». Pour « faciliter l'intégration sociale des familles ». Le but étant à terme, selon Martine Lignières-Cassou, de « fermer le camp Nobel ».

Trois sites ont été retenus. Ils seront soumis au vote des conseillers municipaux jeudi soir. Le premier est celui de l'ancien site de la cuisine centrale, avenue Poplawski. D'une superficie de 2109 m, il peut contenir 5 à 7 pavillons. Même capacité pour la seconde parcelle, située route de Morlaàs, sur la zone d'activités Indusgarle. Troisième site, le terrain Ayala en bordure de route de Bordeaux (derrière la station Esso) avec un projet de 12 à 16 pavillons.

Selon la mairie, ces projets sont menés en concertation avec les structures associatives, les représentants des gens du voyage et les conseillers de quartier. La mobilisation des riverains contre le projet d'habitat adapté avenue Léon Blum (annulé depuis) a laissé des traces. « Un malentendu », analyse aujourd'hui Jean-François Maison. L'avenir des trois nouveaux projets dira s'il est totalement dissipé.

EN CHIFFRES 140 Le nombre de familles de gens du voyage sédentarisées en errance sur le territoire de l'Agglo selon Martine Lignières-Cassou, député-maire de Pau.

REPERES

Projet d'Idron : un coût total de 600 000 €? Si le préfet Philippe Rey n'a pas souhaité parler de chiffres, Martine Lignières-Cassou s'est contentée de détailler les différents financements qui ont permis de réaliser le programme d'Idron sans en évoquer le coût global. Nous avons ainsi appris que l'Etat a versé 118 000 €, la CdA 61 000 €, l'Office palois de l'Habitat 51 000 €, la commune d'Idron 15 000 €, sans compter le terrain, et le conseil général 50 000 €. « Soit 8,5 % » du montant total précise André Arribes. Ainsi le montant total serait d'un peu moins de 600 000 €.

Grands passages : l'Agglo cherche terrain. L'Agglo n'a pas obtenu le feu vert du préfet pour utiliser le « terrain Lateulize » jouxtant le 5e RHC comme aire d'accueil des grands passages estivaux. Du coup, les « 50 caravanes attendues » se sont installées ce week-end sur les bords du Gave à Jurançon. « Mais il y en a beaucoup plus ! » indique la présidente qui rappelle « qu'au-delà de 200, c'est du ressort de l'Etat ». Un avis que ne partage pas le représentant de l'Etat. « L'obligation d'accueil des gens du voyage est du ressort de la commune. Nous avons fait plusieurs réunions au cours de l'année et la DDE a proposé plusieurs terrains qui n'ont pas été retenus », indique Philippe Rey, précisant que celui situé près du 5e RHC « est un terrain d'entraînement militaire qui n'a pas vocation à ça ».

Les premiers logements adaptés à Idron

Idron a inauguré hier six logements sociaux adaptés aux gens du voyage. Une première dans l'Agglo.

Le sourire aux lèvres, Rose Batista, entourée de sa famille, est heureuse d'accueillir les élus et le préfet Philippe Rey dans son nouveau logement. « Nous y sommes très bien », confie celle qui jusqu'ici « faisait du stationnement sauvage » faute d'aire d'accueil. Des premiers locataires qui n'ont pas été choisis par hasard. « Nous les connaissions bien », confie Annie Hild, maire d'Idron. « Quand ils partaient faire des travaux, ils n'avaient plus de place au retour », indique l'élue.

Une situation aujourd'hui révolue. Rose et les siens bénéficient, depuis le 31 mai, de la première opération d'habitat adapté menée dans l'agglomération paloise. Elle et les siens occupent ainsi les six chalets construits en bordure de la rue du Cami-Salié à Idron. Chacun est doté d'un emplacement prévu pour la caravane « qui nous sert de deuxième chambre », explique celle qui a fleuri son habitation de géraniums.

Pour les élus présents hier à l'inauguration, la visite est encourageante. C'est que ce premier projet concrétisé doit servir de vitrine pour convaincre les autres maires et riverains. « Nous avons galéré », reconnaît Martine Lignières-Cassou à l'heure des discours. « Ce projet est en gestation depuis 2002 », souligne la présidente de l'Agglo, saluant « toute l'énergie des uns et des autres, toute l'opiniâtreté des services de l'Agglo » qui ont permis d'aboutir.

C'est que « la question est très compliquée », poursuit Martine Lignières-Cassou. « Elle n'est facile pour personne. Ni pour vous (les bénéficiaires), ni pour les maires qui doivent faire face aux plaintes des riverains. C'est un gros chantier qui ne va pas aussi vite que ce qu'on souhaiterait. »

La révision du schéma départemental qui sera « bientôt validé », assure le préfet Philippe Rey, est aussi « en retard ». « Nous voulions des projets concrets », précise ce dernier, regrettant que « les maires doivent se heurter à beaucoup de difficultés ». Mais le préfet profite de l'occasion pour rappeler aux maires leurs obligations : « Il est prévu que chaque commune prévoit des réalisations comme celle-ci », faisant le voeu que « cette aire permette de dégonfler les oppositions ».